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Blue-Eyed Boy's Diary
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26 octobre 2010

[ - REMORDS - ]

SAM_1765

Sur le faîte de son balcon, le visage caché par ses mains fragiles, elle sanglote. C’est une tristesse indélébile qui noie son cœur depuis le début de la journée, tristesse qui se marque le long de ses joues par de fines trainées de larmes, s’accumulant minutes après minutes, et faisant disparaître progressivement cet espoir de le revoir un jour. Dans un élan de courage elle tente de lutter contre ce sentiment de colère et rassemble ses forces pour le joindre à nouveau, composant son numéro sur son téléphone portable. Pour réponse, l’inlassable attente de la sonnerie, puis sa voix sur le répondeur automatique lui indiquant de laisser un message, brouillon de pensée sans équivoque.

Elle se revoit le plaquer contre le mur de la salle à manger, le gifler à plusieurs reprises avant de lui mettre en face des yeux le message qu’elle a trouvé parmi tous ses SMS. Elle se revoit lui jurer que plus jamais ses mains ne s’approcheront de son corps, qu’il ne pourrait plus jamais l’approcher sous peine d’être réprimander par tous ses proches. Elle ressent encore ce frisson si intense, cette énergie si violente qui l’a traversé, et cette irrépressible envie de lui faire les plus atroces souffrances. Dans cet élan de folie elle s’est imaginée lui trancher la gorge, et jubiler devant son sang déjà impur devant le fait accompli. Ce message rempli d’une tendresse dégoulinante de bestialité sexuelle, auréolé d’une envie qu’elle seule aurait pu établir avec lui. Elle lui avait intimé d’être très attentif à l’usage de ses charmes, mais sa séduction avait réussi à le retourner contre elle. Et dans cette guerre impitoyable son amour s’était envolé. Apaisé, volatilisé, à tel point que sa colère s’est vue décuplée.

Valentine avait alors réalisé à quel point sa violence avait été exagérée suite aux joues en sang de son Marc. Sa bague de fiançailles s’était retournée sous la vitesse du geste et avait constellé le visage si enfantin de son partenaire en une rage exprimée à vif. Son cher et tendre n’avait pas réussi à expliquer qu’il ne s’était rien passé à temps, que Rose n’était qu’une de ses amies et confidente et que même si la prétendante était amoureuse de Marc cette dernière n’aurait jamais pu le pervertir. Valentine avait été aveuglée par la jalousie, et Rose s’en était joué au point d’envoyer de faux messages qui, une fois de trop, ont réussi à catalyser chez Valentine une violence brute. Une violence fatale.

Elle le revoit la regarder, de ce regard unique qui vous transperce le cœur, qui glace cet amour si intense en une froide réalité. Elle le revoit prendre peur, hurler d’un cri déchirant et s’en aller en courant dans le vestibule. Et les taches de sang tapissant le parquet d’une évidence des plus accablantes. C’est alors seulement qu’elle s’est sentie trahie dans sa gentillesse. Trahie dans son opiniâtreté à vouloir conserver l’avantage. Dans la servitude de ses actes à vouloir tout contrôler.

Valentine raccroche alors et se remet à fondre en larmes. Dans ce Paris si animé, en cette journée de marché, elle se sent vulnérable et seule. Ce n’est plus les bruits de la rue qui atteignent ses oreilles, mais bien ceux de la culpabilité qui tambourinent dans son âme, alors qu’elle n’arrive plus à se détacher du regard de Marc la seconde avant qu’il s’en aille, et de contempler sa bague baignée de sang une fois son départ. Elle se revoit encore éprise de colère, sa fureur enveloppée d’une fougue incontrôlable de lui rendre la monnaie de sa pièce. Et tremblante de peur, face à la violence infligée à son amour. Son Marc, son amoureux de toujours, son arme contre le pessimisme et le quotidien qui vous entraîne dans une spirale de morosité infernale. Parti, disparu de sa vie à jamais.

Elle se met alors à regarder le ciel, sa vue brouillée par les larmes, contemplant les nombreux nuages et avions aux alentours. Comme une vie parmi tant d’autres, laissée pour compte à l’abandon, au désespoir et à la rédemption…

 

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